Synthèse l'ecriture ou la vie
Le titre de l’œuvre : L’Ecriture ou la vie
Le 11 avril 1987, Semprun rédige spontanément quelques pages qui ne lui paraissent pas devoir s’intégrer dans l’œuvre de fiction qu’il est en train d’élaborer. Il classe ces feuillets dans un dossier sur lequel il inscrit le titre « L’écriture ou la mort » (p.298-299), très proche du titre définitif.
Dans le titre L’Ecriture ou la vie, la conjonction de coordination ou (à valeur exclusive) exprime l’idée d’un choix : en effet, de 1945 à 1961, Semprun a renoncé à l’écriture et a choisi la vie, c’est-à-dire qu’il s’est efforcé d’oublier l’expérience atroce des camps.
D’une part, donc, le titre oppose les notions d’écriture et de vie, puisque l’écriture renvoie fatalement à l’expérience de la mort et oblige Semprun à la revivre.
D’autre part, cependant, l’écriture est associée à la vie (ou = et) dans la mesure où elle permet d’exorciser la mort et de retrouver une vie digne de ce nom.
p.215 : « Je ne possède rien d’autre que ma mort, mon expérience de la mort, pour dire ma vie, l’exprimer, la porter en avant. Il faut que je fabrique de la vie avec toute cette mort. Et la meilleure façon d’y parvenir, c’est l’écriture. Or celle-ci me ramène à la mort, m’y enferme, m’y asphyxie. Voilà où j’en suis : je ne puis vivre qu’en assumant cette mort par l’écriture, mais l’écriture m’interdit littéralement de vivre. »
L’Ecriture ou la vie, une œuvre inclassable
Essai : Semprun propose dans ce livre une réflexion très poussée sur la façon dont l’écriture peut rendre compte de l’expérience de la mort ; d’après lui, « la vérité essentielle de l’expérience » n’est transmise que « par l’écriture littéraire », « par l’artifice de l’œuvre d’art ».
Autobiographie : On retrouve la dimension rétrospective de l’écriture autobiographique, la volonté de Semprun de s’analyser afin de se comprendre ; de plus, Semprun, par le biais de très nombreuses analepses (retours en arrière) et prolepses