Synthe Se Art
Selon Alain Rey, les œuvres d’art sont constamment l’objet de bavardages, d’inepties. Cependant, devant une œuvre, il faudrait « se taire comme en présence d’un prince », sinon on « risquerait de n’entendre que sa propre voix » (Schopenhauer).
Comment l’art, activité très codifiée et contrainte, permet-il le libre jugement ? S’adresse-t-il à tous ?
I) Qu’est-ce que l’art ?
A. Les règles de l’art
a. L’art est, pour Kant, « une production qui fait intervenir la liberté, c’est-à-dire un libre arbitre dont les actions ont pour principe la raison »
- De cette définition, on tire deux critères essentiels de l’art :
D’une part, l’art est spécifique de l’Homme : « Lorsqu’on qualifie quelque chose d’œuvre d’art … on entend toujours par là une œuvre humaine », Kant.
D’autre part, malgré cette liberté qui intervient avec l’art, celui-ci contient toujours une part de contrainte.
- L’art comme spécificité de l’Homme :
Les œuvres d’art ont pour principe la raison, puisque elles ont pour origine la pensée d’un but, à laquelle elles doivent leur forme. On peut ainsi en déduire que l’art est intentionnel.
- Une part de contrainte dans l’art :
L’activité artistique a pour principe la raison. Or, sans contrainte, l’esprit ne peut être sollicité et « s’évanouirait complètement ». L’activité artistique deviendrait alors un simple jeu. Toutefois, cette contrainte ne doit pas apparaître : les beaux-arts doivent revêtir l’apparence de la nature, bien que l’on soit conscient qu’il s’agisse d’art. Or, les beaux-arts ne peuvent eux-mêmes concevoir la règle à laquelle devra obéir leur production. Il faut donc que ce soit la nature, le « génie », qui donne à l’art ses règles. Kant définit le génie par quatre critères : l’originalité, l’exemplarité, l’abscondité (le génie ne peut expliquer scientifiquement lui-même comment il crée ses productions) et l’exclusivité esthétique (à travers le génie, la nature prescrit ses règles, non à la science, mais à l’art).
- Il faut