ans cette section, à plusieurs reprises, il insiste sur le fait que le poète est l'être le plus exposé au malheur et l'on constate que les poèmes du Spleen sont nocturnes en majeure partie et même lorsque l'aurore apparaît, elle n'est pas victorieuse sur la nuit mais ne fait qu'annoncer le mal-être qui recommence chaque jour. Lorsqu'il exprime sa mélancolie profonde, il dépeint une atmosphère sinistre, froide et malsaine, insiste sur « l'autan » et « les frimas » qui soufflent ainsi que cette « muraille de brouillard », épaisse et infranchissable, qui forme un espace clos qui empêche toute évasion. L'incident du cygne, dans le poème du même nom, le rappelle justement à ses états d'âme : ce pauvre oiseau, perçu par hasard paralysé au sol, « aux pavés secs », comme l'était l'albatros, voudrait à l'image du poète, s'élever de la ville qui n'est pas sa véritable place, mais se traîne lamentablement. Dans Les Aveugles, Baudelaire se sent étranger à une foule vulgaire et se croit semblable à ces « mannequins vaguement ridicules » mais dans les derniers vers du poème, il prend conscience de ce qui les séparent : eux fixent le ciel pleins d'espoir alors que lui a perdu ses illusions concernant le vrai monde et aspire à un idéal inaccessible.
Paris, cet enfer, est alors une ville « rugissante », mesquine et traître où tout n'est que souffrance. Il s'y sent abandonné, désespéré, sans ancrage, égaré ou « extravagant », loin de la « douceur d'un foyer » qu'il n'a d'ailleurs jamais connu dans son enfance. La solitude, bien que nécessaire au poète, l'effraie et dans le célèbre sonnet A une passante, il laisse entrevoir l'image fugace d'un amour impossible, l'idée de rencontres heureuses manquées, à l'intérieur d'une capitale où tout est anonyme. Paris, « ce colosse puissant » peut aussi être source d'angoisse profonde, une ville infernale, symbole du labyrinthe intérieur de l'esprit du poète. En effet dans le violent poème Les Sept vieillards, son âme est emportée dans le