Tacite-les annales
Problématique: De quelle façon cette mise en scène de la mort de Sénèque permet-elle une confrontation des points de vue sur la mort?
I. Le récit d'une mort...
1. Une décision contrainte
Dès le départ, Tacite cherche clairement à nous montrer que Sénèque est condamné à mort et qu'il ne pourra rien faire contre cette décision. La première phrase, avec son groupe nominal « la sentence fatale » démontre bien cette idée. En effet, on a l'impression que ces deux mots ont un effet redondant: une sentence étant un jugement qui ne dépend pas de nous, et l'adjectif « fatale » insistant bien sur le fait qu'il s'agit de la fatalité, la notion de fatalité renvoie au fait que la mort de Sénèque était inévitable et qu'il s'agissait du destin. La mort se présente alors comme la seule issue possible, elle est présentée comme le résultat du destin par le biais de la métaphore « les coups du sort ». Cette mort, Sénèque la subit aussi physiquement puisqu'elle est longue, elle met du temps avant de l'éloigner du monde des vivants: « le sang coulait péniblement », « la mort était lente à venir ». Mais il l'a subie aussi moralement, puisqu'en tant que condamné, il n'est plus écouté ni respecté par ses bourreaux, c'est sur le refus de lui apporter son testament, symbole de ses dernières volontés, que l'on peut établir cette remarque. Cependant cette mort était celle qu'il désirait puisque Tacite nous indique à la fin du passage que Sénèque a été brûlé, sans artifice, au fer et que c'est une mort sans artifice qu'il souhaitait comme nous l'indique le verbe « ordonné » et la proposition « il s'occupait déjà de sa fin ». On peut dire que Sénèque se préoccupait déjà du fait que sa vie pouvait prendre fin à tout moment et qu'il s'y était préparé. Bien que Tacite cherche à nous montrer que la mort n'est jamais vécue comme une vraie volonté, Sénèque, lui, nous prouve qu'on peut bien la vivre (II, 1).
2. Un homme qui est obligé de consoler