Taylor et l’organisation scientifique du travail
Ingénieur de formation, Frederick Taylor a mis au point une méthode de rationalisation de la production afin d’augmenter la productivité. Son organisation scientifique du travail a rencontré beaucoup de résistances.
Pour comprendre la révolution introduite par Frederick Winslow Taylor, il faut imaginer ce qu’était une usine américaine au milieu du XIXe siècle. Les dirigeants s’occupaient peu de la production. L’atelier était le royaume des contremaîtres, qui organisaient le travail, fixaient les salaires, embauchaient et licenciaient le personnel. Ils régnaient sur deux catégories de salariés : les manœuvres, dont on n’utilisait que la force physique, et les ouvriers qualifiés.
Ces derniers possédaient un métier et avaient hérité de leurs ancêtres artisans la maîtrise de leur poste de travail. Ils avaient conscience qu’il s’agissait de leur dernière marge d’autonomie, qu’ils défendaient farouchement. Un auteur de l’époque raconte que dans un atelier, « l’un des forgerons entra en furie quand le directeur de la production, lors du tour de l’usine qu’il faisait chaque matin, s’arrêta pendant cinq minutes pour regarder son feu. Le syndicat se saisit de l’affaire, une délégation alla voir le directeur et obtint la promesse que cela ne se renouvellerait plus. » C’est à cette situation que Taylor s’attaqua, avec la vigueur et l’entêtement qui le caractérisaient.
Né en 1856 dans une vieille famille quaker de Philadelphie, Frederick Winslow Taylor est promis à une carrière de juriste, comme son père. Mais il ne s’intéresse guère au droit. Admis à l’université d’Harvard, il préfère, par goût de la mécanique, entrer comme ouvrier dans une petite entreprise appartenant à un ami de sa famille.
Produire plus en moins de temps
Dès ses premiers mois d’atelier, il est choqué par le faible rendement de ses camarades, qui s’organisent entre eux pour limiter