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- 11L'ARTISANAT TRADITIONNEL AU MAROC :
SA NATURE ET SA DESTINÉE-
Le Maroc est un des rarespays qui ont su garder leur artisanattraditionnel,ceci rnalgré la concurrenceque I'industrie moderne fait subir au travail manuel et même,en partie, grâceà cetteconcuffencequi met en évidencele contrasteentre le produit de la machine, fabriqué en série, sansâme et sansvie, et le produit façonné de la main de I'homme, plus qualitatif et toujours original par ses inégularités mêmes. Il faut dire que le tourisme a beaucoup contribué à la préservation de I'artisanat traditionnel; il est à I'origine, notamment, de la diffusion du produit artisanal sur les marchés d'outre-mer. Son influence, cependant,est à double tranchant,car elle incite à toutes sortesde compromis, depuis I'adaptationdes objets au salon européenmoyen jusqu'au frelatage du style en faveur d'un certain exotisme de pacotille... A I'heure actuelle, les contours de I'artisanattraditionnel authentiquesont encore discernableset I'on peut parfaitement reconnaître sa véritable nature, non seulement dans ses produitsmais égalementdanssestechniqueset sabasehumaine;en mêmetemps, il n'esthélaspas difficile d'en entrevoirla fin: elle approcherapidement,à moins que desmesuressérieusesne soientprisespour en garantirla survie.
Les métiers artisanaux les moins menacés sont ceux qui se rattachent à l'srcltitecture et qui, de ce fait, ne constituentpas un article d'exportation,sauf dans le cas où les maîtres artisanssont appelésà décorer un édifice en pays étranger.Ce cas s'est produit maintes fois; par exemple lorsque la grande mosquéede Dakar a été entièrementornéepar des maîtresmarocainsspécialisés dans I'art de la mosaïque (zelhj) et celui du stuc sculpté (guebs).Or, une
"exportation" 'de cette nature ne peut avoir qu'une influence bénéfique sur
I'artisanatmarocain.Remarquonsen passantque la vie des deux métiersd'art qui viennent d'être mentionnésdépend,au Maroc même, des commandesprovenant
desrichespropriétairesde