Te doy mis ojos
Si l’on parle beaucoup des violences conjugales en
Espagne, c’est d’abord que la société espagnole tout entière, comme peu d’autres en Europe (voir
Anexos) a pris le problème à bras-le-corps, avec beaucoup de courage et d’honnêteté, sans fauxsemblants, en évitant les lieux communs et les simplifications.
Il n’est donc pas surprenant qu’au sein de ce grand débat ce soit une réalisatrice espagnole qui signe ce film – qui n’a pas d’équivalent en
France – à l’opposé d’une vision misérabiliste ou, pire, commerciale, du sujet. Les problèmes sont posés dans toute leur acuité et leur urgence, comme un plaidoyer militant et progressiste. Des personnages hors de toute typologie, des vies meurtries de part et d’autre, exposées dans leur complexité, leurs contradictions, sur fond d’un amour authentique mais impossible.
Nous proposons un passage où les trois femmes de ce huis clos – la mère et les deux soeurs – se retrouvent sur une terrasse et évoquent le mariage prochain d’Ana. Si la violencia de género (sur ce vocable, voir Anexos) est un problème difficile, c’est souvent en raison du silence qui l’entoure, silence de lafemme concernée, silence de la famille et du mari en particulier. C’est sur ce point particulier que la double page invite à réfléchir, en s’appuyant sur le script lui-même, sur quatre photogrammes qui rappellent les moments-clés de la séquence et qui permettront de travailler même si on ne dispose pas d’une copie du film et sur un atelier complémentaire qui donne la parole à la réalisatrice elle-même.
Le professeur n’a donc pas besoin de se transformer
en