Techniques documentaires (sujet: le suicide au travail)
Depuis cinq ans environ, les suicides sur le lieu de travail ou en lien avec les situations de travail font régulièrement irruption sur la scène médiatique. Mais c’est depuis les années 1990 que des cas de suicide de ce type ont été rapportés par les médecins du travail. Pourtant, les données épidémiologiques manquent par défaut de dispositifs de recueil des données et les études sur le suicide en milieu professionnel restent peu nombreuses et dispersées. Selon certaines estimations, il y aurait en moyenne, un suicide par jour lié au travail.
Tout d’abord on peut faire état des connaissances avec une étude de la prévalence du suicide en milieu professionnel reste rare. On peut évoquer ici les travaux de C. Conroy aux USA à partir d’un fichier de données nationales sur le suicide au travail portant sur la période 1980-1985. Il met en évidence un taux moyen de suicide au travail de 2,3 pour un million de travailleurs. Il souligne que les hommes se suicident au travail sept fois plus souvent que les femmes et que le risque augmente avec l’âge. La carence actuelle de données statistiques sur les suicides survenant sur le lieu de travail ou dans un contexte de travail a conduit P. Nasse et P. Legeron à préconiser le recensement national de ce type de suicide accompagné d’une démarche d’« autopsie psychologique » des suicides à l’image de ce qui est déjà réalisé dans quelques pays comme le Royaume-Uni et la Finlande notamment. Le principe de l’autopsie psychologique est présenté comme visant au recueil de données susceptibles de reconstituer l’environnement psychosocial d’un individu qui s’est donné la mort : le contexte social, histoire de vie, situation familiale, professionnelle, santé physique et psychique, antécédents… Reste à éclairer les conditions et modalités d’un tel recueil de données rétrospectives et les biais susceptibles d’être suscités par l’évènement lui-même et son impact sur l’environnement de la personne décédée.
Pour ce qui est du