Temoignages 9/11
Seize minutes plus tard, et alors que deux de ses employés l'ont rejoint dans les locaux, un bruit assourdissant accompagné d'intenses vibrations frappent le building. Sans l'ombre d'un doute, Bruno Dellinger pense qu'un avion vient de s'encastrer dans la tour. Il a en mémoire le crash accidentel d'un bombardier sur l'Empire State Building en 1945. "Bêtement, j'ai dit mes collègues : 'Don't worry, it's a plane'. Je craignais surtout qu'on perde plusieurs jours de travail".
Pendant que ses employés quittent les bureaux, Bruno Dellinger effectue une sauvegarde informatique. "Je n'étais pas effrayé. J'ai remis en place ce qui était tombé par terre, j'ai répondu à quelques coups de fil. J'ai commencé à m'inquiéter quand j'ai pris les escaliers pour descendre, et que j'ai vu les plafonds qui tombaient".
Le choix des escaliers va s'avérer déterminant. Face aux deux sorties de secours, Bruno Dellinger privilégie celle qu'on lui a conseillé de prendre, pas celle qu’empruntent les autres personnes de son étage. Après 50 minutes de descente, le français est en bas. Ceux qui ont pris l'autre escalier au même moment n'atteindront jamais le lobby du World Trade Center.
Tout juste sorti du bâtiment, il traverse Church Street quand la tour 2 s'effondre. "Ça été un choc psychologique inimaginable. Cette tour me donnait une impression de solidité, jamais je n'aurais pu penser qu'elle pouvait s'écrouler
Puis tout devient sombre. "C'était plus noir que la nuit. Il n'y avait pas de bruit car le nuage était tellement épais que le son ne passait pas.
Les tours sont tombées, mais Bruno Dellinger est toujours debout.
"On parle souvent de la chance du survivant. Mais dans les jours qui ont suivi, j'aurais préféré être mort."
Dix ans après le 11 septembre 2001, les attentats résonnent