Tempête Xynthia : toujours cette bonne vieille mémoire courte

Samedi 27 février le soir. Bon...on sort ou on sort pas ? Heu, attention, fais gaffe. Ils ont dit à la météo que ça allait souffler ferme du sud. Claque bien la porte en partant, la dernière fois on avait même ramassé des branches et des crottes dans le corridor...L'océan, lui, ce soir-là, fait ni une ni deux; s'invite à la grande fête de la tempête. Il franchit sans coup férir tous les obstacles, au nord de la Rochelle.

Son ancien territoire puisque cette partie du marais a été laborieusement gagnée sur la mer par les générations précédentes d'agriculteurs à renfort de digues et murs. Il pénètre et galope impérieux, l'océan, sur plusieurs kilomètres dans la partie ouest du marais poitevin. Celui des huîtres, des légumes et fruits. Il y a également de l'élevage dans cette zone. Un producteur ovin de Ste-Radégonde-des-Noyers n'a pu sauver que 6 moutons de son cheptel. Ceux qui faisaient l'inauguration du salon de l'Agriculture, à plusieurs centaines de kilomètres de là. Si vous consultez une carte, vous remarquerez dans cette zone côtière du sud de la Vendée deux seuls gros villages jumelés : la Faute-sur-Mer et l'Aiguillon-sur-Mer, séparés par un cours d'eau. Ceux-ci totalisent 29 victimes. Des personnes souvent âgées surprises dans leur sommeil par la montée des eaux. On croit rêver : c'est encore possible, ça, en 2010 ? Oui. Ça s'appelle la mémoire courte. Ça arrive et puis on finit par oublier. L'oubli est une phase indispensable du deuil et de la vie. Même les cimetières meurent. En attendant, les anciens du coin n'ont jamais vu ça. Y a bien un pépé antédiluvien qui dit que c'était déjà monté plus haut sur le pilier près de son étable au bord du champ, mais comme il répapie de çà de là...

Pourquoi y-a-t-il tant d'habitants à Naples, si près de l'eau et du Vésuve ? Pompéi, ça leur a pas suffi ? C'est que la mer, zone d'échange, de partage, de métissage, de couleurs, de richesse des terres