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(De Rabat) Quelques heures après l'attentat meurtrier de Marrakech, l'économiste marocain Driss Ben Ali, spécialiste du Maghreb et vice-président de l'association Maghreb Plus, s'interrogeait, pour Rue89, sur l'événement : quel impact cet attentat aura-t-il sur les réformes démocratiques ? Peut-on craindre une vague de répression ? Quel est le bilan du printemps marocain ?
Rue89 : L'attentat perpétré ce jeudi aura-t-il un impact sur le vent de liberté qui souffle sur le Maroc ?
Driss Ben Ali : Tout est possible. Avec ce qu'il s'est passé, il faut garder la tête froide. D'où cela peut-il venir ? Trois hypothèses :
des islamistes : la semaine dernière, Al-Qaeda a lancé des menaces après avoir vu et entendu les sévices qu'ont subis les prisonniers salafistes. Al-Qaeda a juré de les venger ; du Front Polisario [mouvement en faveur de l'indépendance du Sahara occidental rattaché au Maroc, ndlr]. des éléments hostiles à cette évolution positive à l'intérieur du pays, des groupes de pression qui veulent freiner ce processus démocratique.
Il se trouve que le Maroc a pris une bonne voie. Les manifestations se déroulent dans de bonnes conditions. Le roi réagit positivement : il y a eu le discours du 9 mars, la libération des prisonniers politiques, la création du Conseil national des droits de l'homme, les mesures de lutte contre la corruption. Ce sont des signaux positifs. On profite – relativement – de ce qui se passe ailleurs sur le plan économique. Alors on peut perturber ce pays.
Quelle peut être la réaction de l'Etat ? La réaction à éviter serait de recourir à une répression aveugle. Cela peut dégénérer et amener le Maroc vers des horizons inconnus. Les gens du régime peuvent réagir bêtement et ce serait le début de la fin. Il faut renforcer le front interne par des réformes démocratiques sérieuses.
L'autre réaction consisterait à surseoir à ce qui se passe pour pouvoir donner