Texte argumentait sur un receuille de nouvelle québécois
L’enfance de Christine, narratrice du recueil de nouvelles Rues Deschambault de Gabrielle Roy, diffère de celle de Léon, héros du roman C’est pas moi, je le jure ! de Bruno Hébert. En effet, l’époque où évolue Christine se situe autour des années cinquante dans un milieu social défavorisé et religieux. Dès le début du récit, on apprend que sa famille n’est guère riche. La citation suivante le prouve : « Ni les uns ni les autres n’étions alors fortunés : [1] » Par ailleurs, et cela va sans dire, ils sont très croyants. Cette affirmation de la mère le dénote: « Prie pour moi, Odile. Quelquefois, je mets la Providence à dure épreuve.[2] » La mère demande avec instance à la nonne de prier pour elle, pour se déculpabiliser, obtenir le pardon de Dieu dans le dessein, comme tout bon chrétien, d’accéder au paradis céleste. Cette pratique montre bien la place importante qu’occupait la religion dans les années cinquante. En contrepartie, Léon est issu d’un milieu social aisé et évolue dans l’univers des années soixante, donc en pleine révolution tranquille, où la religion perd beaucoup de sa notoriété. La famille de Léon est relativement fortunée. La citation suivante le prouve : « Comme à son habitude, la bonne avait préparé un festin…[3] » Le simple fait de pouvoir se payer les services d’une bonne, montre l’aisance dans
[1]Gabrielle Roy., Rue Deschambault, Montréal, Les éditions du Boréal, p.13 [2] Ibidem p.115 [3]Bruno Hébert., C’est pas moi, je le jure !, Montréal, Les éditions du Boréal, p.65 laquelle ils vivent. Contrairement aux années cinquante, la religion, dix ans plus tard, passe au second plan. Elle fait même l’objet de certaines railleries et scandales. Selon le narrateur, « L’abbé Pierre… touchait la tête des nouveau-nés pour qu’ils deviennent illuminés et, plus tard, à l’age adulte, les enfants qu’il avait baptisés fonderaient des sectes dont les membres se suicideraient mutuellement. [1] » Le ton moqueur de cette affirmation controversée