Texte de Alain
Rousseau disait bien que la conscience ne se trompe jamais, pourvu qu'on l'interroge. Exemple : ai-je été lâche en telle circonstance ? Je ne le saurai si je veux y regarder. Ai-je été juste en tel arrangement ? Je n'ai qu'à m'interroger ; mais j'aime mieux m'en rapporter à d'autres."
ALAIN, Définitions dans Les Arts et les Dieux.
Il est facile de distinguer la conscience psychologique et la conscience morale, la conscience témoin et la conscience juge: à la conscience témoin est souvent associée l'idée d'une lumière qui nous éclaire.
A la conscience morale on associe une sorte de parole qui nous dirait par rapport à quelles normes nous devons juger les conduites humaines et singulièrement nos propres conduites. Il est plus difficile de relier analytiquement ces deux formes de conscience. Après tout, dans les deux cas, ne s'agit-il pas de la conscience?
Ce qui se pose donc c'est le problème de leur rapport. En effet de la conscience témoin, il semble que je ne pourrais jamais tirer ce que je dois faire. Tout au plus me dira-t-elle comment je dois procéder. Le texte d'Alain s'attaque précisément à ce problème; il le résout par une affirmation: toute conscience psychologique est implicitement morale.