Texte de rousseau
" C'est une erreur de distinguer les passions en permises et défendues, pour se livrer aux premières et se refuser aux autres. Toutes sont bonnes quand on en reste le maître, toutes sont mauvaises quand on s'y laisse assujettir. Ce qui nous est défendu par la nature, c'est d'étendre nos attachements plus loin que nos forces; ce qui nous est défendu par la raison, c'est de vouloir ce que nous ne pouvons obtenir; ce qui nous est défendu par la conscience n'est pas d'être tentés, mais de nous laisser vaincre aux tentations. Il ne dépend pas de nous d'avoir ou de n'avoir pas de passions, mais il dépend de nous de régner sur elles. Tous sentiments que nous dominons sont légitimes, tous ceux qui nous dominent sont criminels. Un homme n'est pas coupable d'aimer la femme d'autrui, s'il tient cette passion malheureuse asservie à la loi du devoir; il est coupable d'aimer sa propre femme au point d'immoler tout à son amour." (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Les passions)
Extrait de l'introduction du commentaire sur «Les passions», issu de l'œuvre « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes », de Rousseau:
Hegel observe que "la passion est tenue pour une chose qui n'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise", conviction qui conduit à penser que "l'homme ne doit pas avoir de passions." Cela montre que la tradition philosophique est pour le moins très critique à l'égard des passions. Par contre, au XIXe siècle les romantiques en feront la louange. La question qui se pose alors à nous est de savoir si les passions doivent continuer philosophiquement à être