Texte integral de Germinie Lacerteux des GONCOURT
Germinie Lacerteux
BeQ
Edmond et Jules de Goncourt
Germinie Lacerteux roman La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 1039 : version 1.0
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Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870) de
Goncourt ont publié, en commun, parmi d’autres écrits, des romans, dont Germinie Lacerteux
(1864) et Madame Gervaisais (1869). Après la mort de Jules, Edmond publiera quatre autres romans, dont La Fille Élisa en 1877. Ils sont surtout connus aujourd’hui pour un Journal (c’est
Edmond qui en a écrit les trois quarts), véritable document sur la vie littéraire et culturelle de l’époque. Le Journal, dans son intégralité, n’a paru qu’en 1858.
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Germinie Lacerteux
Édition de référence :
Paris, G. Charpentier et Cie, Éditeurs, 1889.
Nouvelle édition.
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Préface de la première édition
Il nous faut demander pardon au public de lui donner ce livre, et l’avertir de ce qu’il y trouvera.
Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai.
Il aime les livres qui font semblant d’aller dans le monde : ce livre vient de la rue.
Il aime les petites œuvres polissonnes, les mémoires de filles, les confessions d’alcôves, les saletés érotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires : ce qu’il va lire est sévère et pur. Qu’il ne s’attende point à la photographie décolletée du Plaisir : l’étude qui suit est la clinique de l’Amour.
Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne dérangent ni sa digestion ni sa sérénité : ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes
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et nuire à son hygiène.
Pourquoi donc l’avons-nous écrit ? Est-ce simplement pour choquer le public et scandaliser ses goûts ?
Non.
Vivant au dix-neuvième siècle, dans un temps de suffrage universel, de démocratie, de libéralisme, nous nous sommes demandé si ce qu’on appelle « les basses classes » n’avait pas droit au