Texte platon
Le texte qui nous est ici proposé est issu du livre VI de La république, ou de la justice, composé par Platon (athénien né en 427 et mort en 347 avant J.C.). Ce livre traite de la forme qu'il faudrait donner à la cité (polis), c'est-à-dire quel gouvernement et quelles institutions lui conférer, afin qu'elle fût juste. L'on sait que chez les Grecs il était courant que les sages donnent des constitutions aux cités, ainsi de Solon, l'un des "Sept Sages", pour Athènes. Or Platon n'entend pas laisser la constitution d'une cité aux hasards des opinions et des apparences. Il ne s'agit pas de faire ce qui paraît bien (comme le font les sophistes, qui rivalisent de dextérité pour plaire à la foule en leur présentant de bonnes apparences), mais ce qui est bien. Dès lors le problème de Platon sera de démontrer comment il est possible de connaître le bien, afin que celui qui gouverne la cité puisse imposer le bien, dont il aura pris connaissance. C'est précisément le thème de l'extrait que nous allons analyser; c'est la question du rapport de l'âme avec le bien, comme enjeu d'une véritable théorie de la connaissance pour Platon. Celui-ci affirme ici que ce rapport est semblable à celui qu'entretient l'oeil avec le soleil. Il s'agit donc d'une analogie, ce qui pourrait laisser penser que ce texte est d'un genre rhétorique (voire poétique), mais nous montrerons qu'il n'en est rien, car cette analogie est essentielle. Aussi peut-on parler ici de véritable démonstration (même s'il ne s'agit pas du même type de démonstration que celle qu'emploie le géomètre, qui procède "par hypothèse" (voir le Ménon, 87a)). Ainsi l'enjeu de ce passage est-il la possibilité même de la justice, en ce que le gouverneur doit pouvoir connaître le bien en toute vérité. La justice apparaîtra en effet en dernier ressort comme étant l'ordre : chaque individu de la société doit tenir