Texte sur classe sociale
À partir des années 80, la représentation jusqu’alors prégnante d’une société française structurée en classes sociales s’est défaite, le discours politique mais aussi les travaux sociologiques mettant en avant les bouleversements opérés au sein du monde ouvrier, l’individualisation des comportements et des trajectoires, la « moyennisation » de la société, ou encore l’importance revêtue par les clivages identitaires. Serge Bosc conteste ou relativise ces évolutions et il considère comme encore pertinente la différenciation en classes. Mais il insiste par ailleurs sur l’ampleur des transformations que connaît la configuration sociale. C. F.
La société française et ses fractures Cahiers français n° 314 La société et ses stratifications 40
Le refoulement des classes sociales
En l’espace de vingt ans, les classes sociales ont enregistré un net recul à la fois dans les sciences sociales, dans les discours politiques et, de façon plus difficilement mesurable, dans les représentations communes. À s’en tenir à la production sociologique, on peut opposer nettement les années 60-70, jusqu’au début des années 80, et les deux décennies suivantes. Au cours des premières, les classes et les rapports de classe constituaient sinon un objet en soi, du moins un horizon privilégié. De nombreuses enquêtes portaient sur le groupe ouvrier et les luttes sociales, sur l’évolution de la condition ouvrière en termes de niveau de vie, et d’orientation culturelle. Parallèlement, des analyses pionnières étaient consacrées aux couches moyennes salariées et les revues sociologiques débattaient de la
place des classes moyennes dans la structure sociale (1). Les classes supérieures et leurs mutations étaient également l’objet de travaux importants (2). Passé le milieu des années 80, le changement de décor est brutal. L’objet classes semble s’être évanoui. Les quelques textes consacrés aux classes sociales tournent