Je vivais dans un quartierde Madrid, avec des cloches,avec des horloges, avec des arbres.De ce quartier on apercevaitle visage sec de la Castilleainsi qu'un océan Ma maison était appeléela maison des fleurs, parce que des tous côtéséclataient les géraniums : c'était une belle maison avec, des chiens et des enfants.Raoul, te souviens-tu ?Te souviens-tu, Rafael ?Federico, te souviens-tusous la terre,te souviens-tu de ma maison et des balcons oùla lumière de juin noyait des fleurs sut ta bouche ?Et un matin tout était en feuet un matin les bûchers sortaient de terre dévorant les êtres vivants, et dès lors ce fut le feu, ce fut la poudre, et ce fut le sang.Des bandits avec des avions, avec des maures, des bandits avec des bagues et des duchesses, des bandits avec des moines noirs pour bénir tombaient du ciel pour tuer des enfants, et à travers les rues le sang des enfantscoulait simplement, comme du sang d'enfants.Générauxde trahison :regardez ma maison morte, regardez l'Espagne brisée :mais de chaque maison morte surgit un métal ardent au lieu de fleurs,mais de chaque brèche d'Espagne surgit l'Espagne,mais de chaque enfant mort surgit un fusil avec des yeux, mais de chaque crime naissent des balles qui trouveront un jour l'endroit de votre coeur.Vous allez demander pourquoi votre poésie ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles, des grands volcans de votre pays natal ?Venez voir le sang dans les rues, venez voirle sang dans les rues, venez voir le sang dans les rues