textes références décadentisme
La chanson du petit hypertrophique
C’est d'un'1 maladie d' coeur
Qu'est mort', m'a dit l' docteur,
Tir-lan-laire2 !
Ma pauv' mère ;
Et que j'irai là-bas,
Fair' dodo z'avec elle.
J'entends mon coeur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
On rit d' moi dans les rues,
De mes min's incongrues
La-i-tou !
D'enfant saoul ;
Ah ! Dieu ! C'est qu'à chaqu' pas
J'étouff', moi, je chancelle !
J'entends mon coeur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
Aussi j' vais par les champs
Sangloter aux couchants,
La-ri-rette !
C'est bien bête.
Mais le soleil, j' sais pas,
M' semble un coeur qui ruisselle !
J'entends mon coeur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
1. L’omission volontaire du « e » apostrophé met en évidence un langage populaire (propre à la chanson, on peut penser à Jehan Richepin qui en joua beaucoup) en même temps qu’il permet une métrique correcte. Elle sera récurrente dans tout le poème.
2. L’usage d’onomatopées dénuées de sens, en décalage avec le contexte et, encore une fois, directement puisées dans la chanson populaire est inhérent aux Complaintes de Laforgue. Il créé une distanciation et empêche une lecture tragique.
Le décadentisme : une esthétique du morbide et du maladif
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Ah ! si la p'tit' Gen'viève
Voulait d' mon coeur qui s' crève.
Pi-lou-i !
Ah, oui !
J' suis jaune et triste, hélas !
Elle est ros', gaie et belle !
J'entends mon coeur qui bat,
C'est maman qui m'appelle !
Non, tout l' monde est méchant,
Hors le coeur des couchants,
Tir-lan-laire !
Et ma mère,
Et j' veux aller là-bas
Fair' dodo z'avec elle...
Mon coeur bat, bat, bat, bat3...
Dis, Maman, tu m'appelles4 ?
Jules Laforgue
Le sanglot de la terre