théâtre et regard
Théâtre et regard.
2014. Il y a bien une pièce, vue en 2013, qui m'a marqué. « La barque (le soir) » de Claude Régy m'a dévoilé un théâtre que je ne connaissais alors que très peu, du moins dans la pratique, et ce théâtre est celui de l'image. Celle qui se fait et se défait tout le long d'une pièce, celle qui se crée grâce à des sons, grâce à des lumières, des corps parlants. L'histoire de cette pièce, devient alors superflue pour laisser place aux émotions qui submergent et l'acteur et le spectateur. C'est ces émotions qui vont créer l'image, car elles sont fortes et ancrées dans l'espace-temps de la salle. Chacun peut y voir la même photographie au même moment.
Je retiens tout particulièrement une séquence très précise de cette œuvre. Je parle ici des quelques instants ou Yann Boudaud communique dans le langage qu'il appelle le langage chien. Il se débarrasse à ces instants d'une manière de propulser sa voix, il crie et ne parle plus, des soubresauts s'emparent de son corps. Il se délivre des carcans dans lequel il était enfermé depuis le début, c'est à dire toutes les contraintes physiques qu'il impose à son corps et à sa voix par la même occasion. À ce moment précis de la pièce, on peut imaginer tout ce que l'acteur traverse. Le fait de crier pour lui est une délivrance totale, il aboie dans une sorte de cri ou d'étouffement, la marge de distinction entre les deux n'est plus si grande et on se perd dans sa libération.
Les lumières sont intenses (du moins par rapport au début de la pièce) et on peut alors profiter totalement de ce que j'aime à appeler la pause intellectuelle de la pièce. L'intellect n'a en effet plus sa place à cet instant précis du récit, le spectateur regarde seulement. Je ne considère pas cette image comme un tableau, où il est nécessaire d'étudier la peinture, les coups de pinceaux, le mouvement artistique, le contexte dans lequel le tableau a été