Olivier Py et Joël Pommerat sont des dramaturges et metteurs en scène très connus du XXème et tout particulièrement pour leurs spectacles qui s'adressent aux enfants. Cependant, ces représentations poussent à s'interroger sur cette notion de jeune public car elles ouvrent à chaque fois sur une réflexion existentielle, à travers des décalages et des inventions merveilleuses, en portant un regard interrogateur sur la condition humaine et la société. Ces spectacles d'une beauté onirique sont parfois catégorisés « tout public » car la mise en scène offre souvent un double niveau de lecture: les enfants s'émerveillent et sont enchantés par ce qu'ils voient, ils rient, ils ont peur...alors que les adultes comprennent les doubles sens et les messages que Pommerat et Py veulent transmettre à travers des représentations faites d'images et d'audace. Ces deux metteurs en scène ont beaucoup de points communs aussi bien d'un point de vue historique (ils font parties de la même époque) et esthétique que celui de leurs intentions. Ils font tous les deux un théâtre porteur de sens mais aussi de visions poétiques et bouleversantes. Ils touchent à des thèmes socialement et physiquement violents, qui nous sont proches, d'une société qui dérive... Même si les plateaux sont toujours d'une beauté magique et merveilleuse, Pommerat et Py parlent de sujets noirs et graves. C'est pourquoi je me demande si cette forme de provocation_car même si le mot est fort, elle en est une puisque c'est un théâtre qui suscite des émotions puissantes et qui incite le spectateur à réfléchir sur son temps_peut être considérée comme un nouveau genre à part entière, distinct des autres « catégories théâtrales ». Est-ce le niveau de provocation qui définit un genre théâtral? Est-ce le public à qui il s'adresse? Jusqu'où peut aller la provocation? La jeunesse peut-elle tout supporter?
Joël Pommerat et Olivier Py ont tous les deux repris des contes des frères Grimm (siècle précédent) pour les adapter à