Thérèse desqueyroux
Plusieurs romans mettent en scène des héroïnes déçues par le mariage. La chapitre IV de Thérèse Desqueyroux semble inscrire le roman de Mauriac dans cette veine. On saura plus tard que sa condition d’épouse n’explique pas à elle seule le mal-être de Thérèse, personnage éponyme de cette œuvre parue en 1927, à une époque où il était encore malséant de présenter des femmes insatisfaites. L’extrait du chapitre 4 se déroule la nuit, et montre l’ambiguïté et la complexité du personnage de Mauriac. Premièrement, on découvre dans ce texte une femme seule, mais aussi un personnage qui ne semble pas décidé à subir passivement son destin.
Dans cet extrait, l’héroïne de Mauriac apparaît comme une femme seule. Tout d’abord, bien que la scène se situe à la fin du voyage de noces, la présence de son mari ne fait que l’isoler. Ne supporte déjà plus son mari, qui dort. Mais c’est bien son corps, sa présence physique qui lui est insupportable. Déjà, il l’empêche de dormir : « son esprit sombra jusqu’à ce que Bernard (…) se fût retourné ». La phrase se développe ensuite en plusieurs propositions juxtaposées qui décrit une danse inattendue dans un lit de jeunes mariés : « elle sentit contre elle », « elle le repoussa », « il roula de nouveau vers elle », « de nouveau elle l’écarta », et à la fin « déjà il se rapprochait », où l’adverbe indique le désespoir de la jeune femme. L’opposition est complète : dans son sommeil, l’époux cherche sa femme, qui éveillée s’efforce de lui échapper.
Regarde son mari comme un étranger, emploi de démonstratifs et de termes le comparant à un prédateur, ou à l’enfer : « ce grand corps brûlant », « n’en plus subir le feu », « la chair jusque dans le sommeil cherchait sa proie accoutumée », « cet homme immobile », « cet homme dans sa vingt-septième année ». Le point de vue interne permet de rendre compte du mépris