Mesdames et Messieurs les jurés. Je dois vous dire que cette accusation envers Thérèse Raquin me surprend au plus haut point. Non pas qu'elle n'ait rien à voir dans cette histoire, mais la façon dont vous êtes aveuglés est surprenante !
Effectivement, cette femme est une victime, elle aussi. Et ce depuis sa plus tendre, si le mot convenait, enfance. Que savez vous de son passé ? Cette pauvre fille qui a perdu sa mère l'âge de deux ans, lâchement abandonnée par son père dans les bras de sa tante ; tante qui la traitera avec autant d'ardeur qu'elle traita son fils. Cependant, notez que, détail faisant toute la différence, ce dernier passa sa jeunesse cloué au lit ; attrapant toutes les maladies possibles et inimaginables... Thérèse se droguait contre on gré. Elle était obligée par Mme Raquin de prendre des médicaments, tous plus dangereux les uns que les autres pour une personne en bonne santé. J'appellerai cela de la maltraitance, d'un enfant qui n'est pas le sien, qui plus est. Toute sa vie, l'accusée sera soumise, n'ayant pas même le droit de refuser un mariage avec son propre cousin : inceste. Vous ne pouvez me contredire sur ce point : il s'agit bien d'inceste à son insu, contre son gré...! Expliquez moi, Messieurs les jurés, comment une pauvre femme comme celle qui se tient devant vous aurait pu assassiner quelque humain ? Son propre cousin ? L'assassin dans l'affaire, ce n'est pas Thérèse ; que néni, sa tant lui a assassiné son enfance. L'autre accusé, Laurent, un soi-disant ami de la famille. C'est pourtant lui, qui a réellement commis le crime. Ce n'est pas Thérèse. Cette dernière n'a fait qu'assister, impuissante,au meurtre de son frêle mari, par un homme fort comme un bœuf. Elle a vu Laurent étrangler Camille, puis le pousser dans la rivière. Aurait-elle pu l'en empêcher ? Pétrifiée sur place, comme vous l'auriez tous été, elle ne pouvait rien faire. Laurent est, en plus de l'assassin, la cause même de cet homicide.