Le théâtre est un genre littéraire particulier car le dramaturge écrit en règle générale, dans l’optique d’une mise en scène. En cela on distingue l’écriture théâtrale qui est la pièce écrite, et la mise en scène, qui est la représentation vivante de la pièce. L’action théâtrale est caractérisée par l’exposition, le nœud ou conflit, les péripéties, et enfin, le dénouement. Ainsi l’affrontement est au cœur de l’action, et de l’intrigue elle-même. En quoi le théâtre se présente-t-il comme un genre propice à l’expression du conflit, et de quels moyens scénographiques dispose-t-il pour les représenter ?
Nous verrons en premier lieu, le théâtre comme espace conflictuel qui offre une variété de débats, d’affrontements. Dans une suite logique d’idée, nous analyserons en quoi l’écriture théâtrale peut servir de véhicule aux conflits, et en quoi la mise en scène peut les valoriser.

« Sans conflits, il n’y a pas de théâtre », assure Ionesco. Le théâtre se présente comme un espace conflictuel du fait de la constante dualité entre la pièce écrite et la représentation théâtrale. Cette particularité qui en fait un espace conflictuel en lui-même le rend par ailleurs plus apte à exprimer différents types de conflits. De plus, le conflit est au cœur de l’action théâtrale par la structure même d’une pièce. En effet, comment élaborer une intrigue sans nœud, sans conflit ? En cela, le conflit est un élément essentiel du théâtre. Il peut s’agir par exemple d’affrontement entre personnes physiques sur une question ou un point de litige à l’intérieur de l’intrigue. On peut le constater dans le texte de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, publié en 1982. Le point de litige ici, réside en des « mots » que H1 auraient dit alors que H2 lui faisait part d’une réussite. Ils semblent insignifiants aux yeux de H1, mais à travers les intonations, les hésitations, les accents, H2 les a perçus autrement et a été blessé. Ce dernier en tient donc rigueur à H1 et l’évite, c’est pourquoi