Dans ses écrits, Maurice Scève se consacre à sujet bien particulier, celui de l’amour. Non seulement il traite de l’amour, mais aussi de sa passion pour celui-ci, inspiré du néoplatonisme. Selon Platon, il y a une délimitation entre le monde des Idées et le monde sensible. Tout ce que nous percevons sensiblement n’est qu’une infime partie du monde des Idées, car toute l’essence de l’homme se trouve en ce monde. Le désir de l’homme est donc de trouver en la femme la Beauté, sensible, qui sera ensuite amené à un niveau plus élevé, celui de l’expérience spirituelle. Platon définit l’amour comme suit:

«...la vraie voie de l'amour, qu'on s'y engage de soi-même ou qu'on s'y laisse conduire, c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant graduellement d'un beau corps à deux, puis de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, des belles actions aux belles connaissances, pour arriver à partir de ces connaissances à cette connaissance qui n'est autre que la connaissance de la beauté absolue et pour connaître enfin le beau tel qu'il est en soi».

D’ailleurs, le vers 5 et 6 du premier dizain explique bien cette ascension vers un amour spirituel: «Perçant Corps, Coeur et raison despourveue, Vint pénétrer en l’Ame de mon Ame». Nous pouvons observer l’ordre des termes en débutant par l’attirance vers le corps, puis le coeur, pour finalement atteindre la raison, «la faculté propre à l’être humain de penser». Le deuxième vers sous-entend la transcendance de cet amour en parlant de l’Ame, l’amour ayant donc surpassé les qualités sensibles de l’homme pour n’en garder que l’essence.

Il y a aussi dans cet amour la recherche d’un idéal à atteindre, et notamment la volonté de se réaliser. Par le biais de l’expérience amoureuse, l’homme parvient à la Vertu et c’est par la femme idéalisée qu’il y parviendra. La femme, beauté et perfection même, enseignera à l’homme la futilité des apparences, et lui enseignera