Thèse défendu par rousseau
Il ne faut pas voir dans l'Émile un traité de pédagogie mais le roman de l'éducation dans la nature. Considéré de ce point de vue, il a de réels mérites et de graves défauts.
Rousseau a raison d'insister sur la gravité du problème pédagogique, de rappeler aux mères leurs devoirs, et de faire une large place dans l'éducation à la formation des sens et en général à la culture physique. Sur ce point et sur le développement de l'esprit par le contact avec le réel, il donne des conseils précieux que tous les éducateurs doivent méditer.
Mais il construit son roman dans l'utopie quand il préconise l'éducation loin de la société, dans une nature truquée par un précepteur attentif. De plus, il commet une grave erreur humaine dont les conséquences pourraient être funestes. Il sectionne arbitrairement les années de l'enfance et suppose que jusqu'à douze ans l'enfant n'est qu'un animal instinctivement droit, et que sa conscience et ses passions ne s'éveillent pas avant la quinzième année. Il faut dire au contraire que l'enfant de cinq ans a déjà des idées, des sentiments, des passions, des instincts pervers et une conscience.
C'est donc une absurdité de reculer jusqu'à douze ans la formation intellectuelle et jusqu'à quinze ans la formation morale et religieuse. Quiconque respecte dans l'enfant une personne humaine, se sert de tous les moyens que la raison, la morale et la religion lui fournissent, pour étouffer chez l'enfant les mauvais instincts, pour développer son intelligence et sa conscience et pour éveiller en lui les nobles