Théâtre
Introduction
• Les analyses critiques de pièces de théâtre se multiplient, les comptes rendus et les photographies de mises en scène abondent… On en oublierait presque le public : « Pour l’histoire du théâtre, il semble que, à peu près, le spectateur n’existe pas. » (M. Descotes)
• Or, sans lui, la représentation n’aurait plus de sens : « Tous ceux, et d’abord les dramaturges, qui ont eu un contact direct avec la scène, ont proclamé […] l’absolue nécessité de tenir compte de ce partenaire aux manifestations imprévisibles : le public. […] Car, pour créer une pièce, il faut être deux : l’auteur et la salle. » (M. Descotes)
• En quoi le public est-il partie prenante de la création théâtrale ? Apparemment passif, ne dicte-t-il pas en fait sa loi ? Créateur à part entière de la pièce, ne joue-t-il pas lui aussi un « rôle » dans l’écriture et la représentation, indéfectiblement attaché à l’écrivain, au metteur en scène et à l’acteur ?
I. Un destinataire passif de la pièce et du spectacle qui pourtant dicte ses lois
« Les comédies ne sont faites que pour être jouées », dit Molière. Jouées devant un public destinataire final du spectacle. Qu’en est-il du statut de cet étrange personnage collectif ?
1. Destinataire passif du spectacle, le spectateur est mort
• Condamné au silence…
Le spectateur, dès que le rideau se lève, est comme mort : plongé dans le noir, interdit de parole (qui fait pourtant notre humanité), réduit à une relative immobilité, il n’est là que pour recevoir, passivement, et les mots et le spectacle : il assiste impuissant au destin des victimes de la tragédie, il n’a pas le droit de dissiper un quiproquo ou d’empêcher des propos dont il a compris l’enjeu parfois vital – par exemple lorsque Thésée, sur la dénonciation mensongère de Phèdre, maudit son fils Hippolyte, causant ainsi sa mort.
Il n’a