Le rêve dans Les Mains libres, Man Ray et Paul Eluard

Man Ray et Paul Eluard, en tant qu’artistes du surréalisme, rejettent la logique et le rationnel au profit de l’imaginaire, l’inconscient et le merveilleux. C’est donc tout naturellement que le rêve occupe une grande place au sein du recueil Les Mains Libres, parut en 1947.
Man Ray a d’abord réalisé ses dessins au fil de ses voyages et rencontres. Il est également photographe, mais a choisi le dessin afin de pouvoir représenter le merveilleux, ses rêves, comme les dessins « Sablier compte-fil » ou « Plante-aux-oiseaux ». Ses rêves sont aussi liés aux artistes et aux personnes qui l’entourent, tels que Sade ou sa femme Nush dont les portraits constituent plusieurs parties du recueil. Man Ray disait que « dans ces dessins, mes mains rêvent ». En effet, il a réalisés la plupart de ses dessins dans un état de semi-conscience, le soir avant de se coucher ou le matin au réveil. Ainsi l’artiste pouvait créer sans censure rationnelle ou morale. Le rêve apparaît donc pour lui comme le matériau de création.
Paul Eluard écrit « Je n’aime pas mes rêves mais je les raconte et j’aime ceux des autres quand on me les montre ». C’est ainsi qu’il a laissé son esprit divaguer au fil des dessins de Man Ray, et qu’ensemble ils ont plongé le recueil dans un univers onirique. Les repères temporels et spatiaux sont brouillés, il devient impossible de situer aucun des poèmes dans le temps ou l’espace. Ainsi le lecteur, qui devient par ce fait un lecteur-enquêteur, ne dispose que d’éléments disparates essentiellement présents dans les dessins, de motifs télescopés. C’est par ailleurs bien dans ce but que Man Ray a choisi le dessin au profit de la photographie ; des œuvres telles que « Fil et aiguille » ou « Pouvoir » seraient irréalisables. Les poèmes également contiennent des images hermétiques ; Paul Eluard y rapproche des termes qui sont pourtant éloignés, fait de nombreuses comparaisons et métaphores, mélange le concret et