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Gerry Johnson, Kevan Scholes, Richard Whittington, Frédéric Fréry
Les leviers stratégiques
Etude de cas : Benetton ou le maillage des ressources
En juillet 2001, le groupe Benetton annonça qu’il avait pris – en partenariat avec Pirelli – le contrôle de Olivetti et de Telecom Italia, dont Gilberto Benetton fut immédiatement nommé vice-président. Cette prise de participation massive n’était pas la première pour Benetton, qui était déjà propriétaire d’Autostrade, le premier réseau d’autoroutes italien, ainsi que du groupe de restauration rapide Autogrill, présent dans toute l’Europe et aux États-Unis. Edizione Holding, le holding familial des Benetton, était également présent dans Grandi Stazioni
(la société qui regroupait les treize plus grandes gares italiennes), dans l’aéroport de Turin et dans les sociétés municipales de services collectifs de Trieste et de Parme. Au début des années 2000, la famille Benetton était devenue une des plus puissantes du capitalisme italien. Le chemin parcouru en moins de quarante ans était stupéfiant. Un succès exemplaire
La famille Benetton était originaire de la région traditionnellement pauvre et agricole de Trévise, ville de
90 000 habitants située à cinquante kilomètres au nord de Venise. En 1945, après le décès précoce de leur père, un petit entrepreneur malchanceux, Luciano et Giuliana Benetton quittèrent l’école pour aider leur mère, brodeuse, à nourrir ses quatre enfants. Dès quatorze ans, Luciano devint vendeur dans une boutique de confection de Trévise, pendant que sa sœur était ouvrière dans une manufacture textile. En 1955, une machine à tricoter difficilement acquise – la légende veut que Luciano ait été obligé de vendre son accordéon et la bicyclette de son frère pour rassembler les 300 000 lires nécessaires – permit à Giuliana de produire à plein temps, avec l’aide des deux cadets Gilberto et Carlo, 5 modèles de pulls déclinés en 36 couleurs sous la marque
« Très jolie ». Luciano, âgé de vingt