Tocqueville
1) La thèse de Montesquieu est que le commerce a un effet naturel, à savoir la paix. Par commerce, il faut entendre un échange qui a pour principe que l’on donne à quelqu’un ce dont il a besoin et dont nous n’avons pas besoin alors que lui nous donne ce dont nous avons besoin et que nous n’avons pas
2)Il y a là une incontestable ambiguïté. Ce qui le montre est l’expression « besoins mutuels ». Il ne s’agit pas évidemment des mêmes besoins comme lors d’une fête, d’une cérémonie religieuse ou d’une communion politique , mais que les citoyens expriment l’identité du besoin qui est l’union. Il s’agit de besoins différents qui se montrent comme tels dans l’échange. De ce fait , on pourrait tout autant soutenir que l’échange commercial sépare plus qu’il n’unit puisqu’il implique que chacun se sente et se sache différent de l’autre pour échanger. À plus forte raison s’il s’agit de deux nations, c’est-à-dire de groupes humains unis et se pensant séparés.
3) Montesquieu montre ici l’intérêt qui guide le commerce. Chacune des nations en tant qu’elles commercent avec l’autre négocie.Il est clair qu’il ne peut y avoir de négociation sans paix. Mais, l’argument est circulaire en ce sens que c’est le fait que le commerce porte naturellement à la paix que Montesquieu veut prouver. Or la négociation dont il parle produit comme effet la dépendance des deux nations. En ce sens, une telle union s’oppose à la guerre qui par définition est l’affrontement armé deux nations
4) Dans ce texte , Montesquieu veut montrer que pour les particuliers, c’est-à-dire les membres d’une même nation, l’union n’est pas la même. Il ne veut pas soutenir que le commerce implique la compétition, donc le souci d’écraser ou de dominer l’adversaire. La compétition est bien plutôt l’affaire des aristocraties. Parler de l’esprit d’une nation avec l’esprit d’un individu, c’est d’abord faire signe vers ce qui en constitue l’unité. C’est ensuite indiquer le principe qui