Tous les matins du monde
Les héros de Troie ne sont pas tous morts à la guerre et il s’agit maintenant de redéfinir leur place dans un monde ou ils ne peuvent plus prouver leur valeur que par le combat. Qu’est-ce qu’un héros épique hors du contexte de la guerre ? Ulysse même dans son voyage de retour est-il toujours un véritable héros ? Voyons comment la suite que constitue l’Odyssée, marque l’évolution de la notion de héros.
Ulysse est tout d’abord un héros endurant : cet adjectif le qualifie dès le chant V. Ainsi on le voit construire un navire avec des troncs d’arbres qu’il a lui même coupé, chez la nymphe Calypso, puis dériver plusieurs jours en mer ou encore s’accrocher pendant des heures au figuier situé devant Charybde afin de ne pas être avalé par ce monstre. C’est un sportif accompli et ce même après un long séjour en mer. Il remporte en effet tous les tournois chez les Phéaciens : c’est le meilleure au lancer de disque. Notre héros est donc habile de ses mains. De plus lorsqu’il crève l’œil de Polyphème à l’aide d’un épieu qu’il a taillé, Homère compare cet acte au travail d’un charpentier puis à celui d’un forgeron (chant IX). Enfin par l’entremise d’Athéna, il est d’une beauté exceptionnelle : « elle le fit paraître plus grand, plus vigoureux… » (chant VI). Ulysse est donc doté de qualité physiques avantageuses pour son voyage : il est agile, beau et fort. A ces qualités physiques s’ajoute le courage. Même si « la verte peur » l’étreint parfois, il ose blesser le cyclope, aller délivrer ses compagnons prisonniers de Circé ou encore s’avancer entre Charybde et Scylla. Et ce courage n’est pas sans inconscience, Ulysse fait au contraire preuve de ce que les Grecs nomment « métis » et que l’on pourrait traduire par « prudence avisée ». Il suit toujours les conseil données et prend la précaution de ne jamais contrarier les Dieux. Mais sa qualité principale est la ruse, il le montre à trois reprises face au cyclope (pour lui crever l’œil, lui