Fin de partie Une entrée dans l’œuvre pp.11 à 14 : « Intérieur sans meubles. (…) Lunettes noires. » L’ouverture de la pièce ne répond pas aux attentes de la scène d’exposition classique. Fin de partie semble redéfinir « la règle du jeu » d’un autre théâtre. La longue didascalie inaugurale fixe et fige un univers aux gestes arrêtés ou mécaniques, un monde clos et gris. Exposition paradoxale « La règle du jeu » Les questions : où ? quand ? qui ? sont caduques ici : la fonction informative de la scène d’exposition est niée : nulle indication de lieu, de temps, d’identité des personnages. Début « in medias res », dans le sens où l’on (sur)prend quelque chose en cours, mais ce n’est ni l’amorce d’une intrigue, ni la naissance d’un conflit, ni un questionnement psychologique. D’où : les règles théâtrales sont hors-jeu. Nouveau « crayonné au théâtre » (Esquisses chorégraphique, filmique et radiophonique) Pour reprendre la formule de Mallarmé dans ses essais sur le théâtre, rêvant d’un « théâtre total » à l’image de l’opéra wagnérien, la scène beckettienne semble s’ouvrir à d’autres formes d’expression que la stricte dramaturgie. Le personnage de Clov se livre à une étrange pantomime, qui rappelle à la fois le cinéma (le film à sketch à la manière de Buster Keaton ou Charlie Chaplin dont Beckett est familier) ou la danse. La parole se réduit au son (« rire bref ») annonçant l’orientation radiophonique des œuvres ultimes (travail avec John Cage, où le bruit du corps se substitue à la voix, entre gémissements et percussions). Noter la précision des gestes (accentuée par la syntaxe – parataxe) et les détails du corps dans son déplacement presque mathématique, réduisant alors la figure à une mécanique. L’espace scénographique S’attacher à la didascalie qui envahit le texte théâtral, à défaut du dialogue. La scène construit donc en premier lieu un espace, définit une aire de jeu pour une pièce en un acte au décor immuable. On ne cherchera pas nécessairement à interpréter ce