Tout les matins du monde

322 mots 2 pages
e qui se joue aussi avant le langage, avant le chant, avant le bruit, de ce que Pascal Quignard nomme une « nudité sonore », de ce qui fut avant le langage, l’articulation, de ce qui reste caché au fond de nous sous le « linge » des bruits que nous faisons : « quelques sons et quelques gémissements plus anciens », ce que les linguistes, après Lacan, appellent du nom de « lalangue », cet état premier de l’être humain, avant l’acquisition du langage, où le « bébé » ne fait pas encore la différence entre lui-même et le monde. Le langage, en nommant les choses (la mère, le sein de la mère, puis le reste) est un acte de séparation d’avec le monde, la fin d’une fusion bienheureuse, une « chute » du paradis, pour reprendre une interprétation théologique (p.13). Mais il est à parier que la recherche de Pascal Quignard va bien au-delà de cette recherche de l’état premier de l’homme à sa naissance, recherche qui reste à la fois linguistique et psychanalytique. C’est aussi la recherche de l’originel[7] tout entier, de ce qui est au-delà du caractère fini, éphémère et daté de nos expressions, quel que soit leur mode. En ce sens, Pascal Quignard parle aussi de ce qui se joue sous le langage, avant lui, et le choix d’un personnage malhabile au langage, Monsieur de Sainte-Colombe, est significatif, de même que le choix d’une écriture essentiellement fragmentaire, trouée, elliptique et en litote. On peut rapprocher cette quête de l’objet du conte Le nom sur le bout de la langue, dont toute l’intrigue est constituée par la recherche infernale (au sens propre du terme) du nom perdu, le tailleur devant descendre plusieurs fois aux enfers pour retrouver le nom que ne retient pas celle qu’il aime (Eros et Thanatos, encore…). La quête de l’originel, de l’état premier,

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