toute conscience de soi
« Cette phrase qu'elle entend : « Connais-toi toi-même », comment l'âme s'en souciera-t-elle, si elle ne sait ni ce qu'est « connais » ni ce qu'est « toi-même » ? Mais si elle sait ces deux choses, elle se connaît aussi elle-même. Car on ne dit pas à l'âme : « Connais-toi toi-même », comme on dit « Connais la volonté de cet homme » ; cette volonté ne nous est présente, pour être saisie et comprise, que par des signes corporels qu'il donne ; et encore de telle manière que nous y croyons plus que nous ne comprenons. Ce n'est pas non plus comme on dit à un homme
« Regarde ton visage », ce qui ne peut avoir lieu que dans un miroir. Car notre visage échappe à notre regard, n'étant pas là où l'on peut diriger les yeux. Mais quand on dit à l'âme : « Connais-toi toi-même », en même temps qu'elle comprend ce qu'on lui dit, « toi-même", elle se connaît elle-même, sans autre raison que sa présence à elle-même. »
Hegel n'est guère optimiste puisque à chaque moment de la construction et de la conscience de soi, c'est une liberté illusoire qui nous pousse à continuer de vivre et agir. Nous ne sommes en réalités que des consciences infimes dont l'action n'est en fait que le fait de la volonté plus haute de l'« Esprit » se servant de nous comme des outils propres à son auto-réalisation. C'est l'illusion d'un « moi » libre et pleinement conscient qui nous permet de croire encore et désirer la continuation de la vie. Bien que l'unité et la transparence de soi puisse être entendue comme une illusion, la conscience demeure ce formidable don que la nature nous a, de manière exclusive, attribué. Pascal rappelle d'ailleurs, dans ses Pensées, que « La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable ». Conclusion Il est certes illusoire de croire que la conscience de soi est égale à la connaissance de soi. Il reste encore aujourd'hui bien des choses à découvrir sur la nature humaine et le « moi » tant