Toute croyance est-elle une illusion?
[...] Ainsi, toute croyance n’est pas absurde, toute croyance n’est pas irrationnelle ni une illusion. Néanmoins, par sa nature même de croyance, la croyance ne saurait théoriquement se détacher complètement de l’illusion car ce qui est connu n’est pas cru mais reconnu. Par contre, pratiquement, la croyance parvient à exclure l’illusion par un effort de rationalisation: la foi rationnelle et la foi pragmatique sont aussi nécessaires que légitimes. Cette équivoque est propre à la nature même de la philosophie en tant qu’amour de la sophia: à la fois savoir et donc recherche théorique, elle se doit de rejeter la croyance qui s’oppose au savoir; mais aussi sagesse et donc recherche pratique, elle se doit d’accepter la croyance qui est à la source du savoir. [...]
[...] Néanmoins, cette attitude n’est-elle pas démesurée et donc irrationnelle? La tentation de croire en l’équation croyance = illusion n’est-elle pas à son tour illusoire? La croyance est nécessaire, non seulement à la connaissance, mais aussi à l’homme lui-même: l’assentiment – je sais tout en croyant- permet de réhabiliter la croyance. Il y a tout d’abord différents degrés de croyance et donc des degrés d’illusion si l’on admet l’égalité stricte des deux concepts: croire qu’il va pleuvoir car on voit au mois de mars des nuages arriver et que la météo l’a annoncé la veille;