Toute vérité doit-elle être prouvée ?
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L’art ne s’adresse-t-il qu’à nos sens ? L’art est l’activité humaine ayant pour fin la beauté, elle se constitue dans un rapport complexe à la nécessité de la médiation technique. « Tout art s’exerce sur une matière plus ou moins dense, plus ou moins résistante, qu’il s’agit d’apprendre à maîtriser » (Hegel). La notion de « matière » se définit comme ce qui va permettre de donner une existence sensible mais aussi une forme aux idées de l’artiste et, enfin, comme ce qui donne à l’art son côté technique que l’artiste doit apprendre à maîtriser. Le génie a le pouvoir de donner aux idées, même indicibles, une présentation esthétique. La beauté doit s’incarner dans une forme pour accomplir sa vocation de communication : elle doit être perceptible. Cependant l’art n’a pas à être décoratif pour flatter les sens : le seul principe auquel il doit obéir se rapporte à une nécessité intérieure. Ici, se pose un problème conceptuel : l’art s'adresse-t-il à l’esprit ou aux sens à travers la matière sensible ? Nous verrons d’abord que toute esthétique part du sensible, puis nous montrerons que l’œuvre d’art implique une discipline intellectuelle et technique en vue d’exprimer une vérité intérieure, enfin nous analyserons la façon dont la dimension matérielle, sensible, est présente dans toute œuvre.
En effet, toute esthétique prend sa source dans les sens. Qu’il s’agisse d’un tableau, d’une chorégraphie, d’une composition musicale, d’une sculpture ou d’un texte, toute œuvre artistique advient en premier lieu par les sens, ainsi que le soulignait Hegel et Kant, pour qui l’accès à l’œuvre d’art passe préalablement par la sensibilité, et c’est bien ainsi que l’entend Valéry pour qui « toute esthétique est d’abord une esthésique ». Nous abordons l’art par nos perceptions sensorielles : vue, ouïe, tact, goût et odorat, et essentiellement par les trois premières. Mais ce n’est pas ce qui fait sa spécificité. Cette situation n’a rien de particulier puisque tout objet du monde la