Le mouvement punk est apparu peu après les hippies, vers le milieu des années 70. Ses valeurs sont globalement une rage adolescente avec une volonté de destruction de l’ordre établi, et particulièrement des hippies qui sont pastichés en drogués mièvres, avec les traits caricaturaux que l’on sait aujourd’hui : pleins d’illusions et de fausses idées. Il est indissociable d’un genre musical, le punk rock, qui a pleinement exprimé ses idéaux. Etymologiquement, punk signifie « personne dupe », ou « objet sans valeur ». L’esthétique punk prend ses sources tout d’abord chez Marcel Duchamp, qui pose une nouvelle conception artistique avec le ready made, objet anodin (comme une cuvette de toilette, ou un porte-bouteille) qui prend une dimension abstraite du fait de son exposition. Ce qui fut et est encore dénoncé par un certain nombre de partisans comme « n’étant pas de l’art » a été repris dans ce mouvement par essence nihiliste. Musicalement, les racines du punk plongent dans une recherche axée sur des bruits réels, d’abord conceptualisée dans certaines œuvres de « musique contemporaine » de Varèse, créateur d’Amérique, une pièce pour orchestre et sirènes, et de John Cage. Côté culture populaire, on peut aussi considérer que les premiers punks sans le savoir sont les rockers excentriques des années 50, comme Little Richard ou Jerry Lee Lewis, qui inventent une sorte de transe sauvage, elle-même venue du gospel.
Un des groupes fondateurs de l’esthétique punk est le Velvet Underground. Lou Reed, son chanteur guitariste et compositeur est un admirateur et ami d’Andy Warhol, le chef de file du pop Art, une autre forme d’art contemporain nihiliste. Dès ses premiers enregistrements, Reed (1965), il se montre nourri d’amphétamine, de culture beatnik, de jazz moderne et de rock. Contrairement aux jeunes groupes innocents du Midwest, Lou Reed sait exactement ce qu’il fait. Il décrit avec talent et défiance la laideur urbaine à son extrême, la sublimant par la poésie narrative,