Travail et fonction du romancier réaliste
2518 mots
11 pages
BIBAS ALEXANDREDISSERTATION :
Il est normal de s’interroger sur le sens des œuvres d’art et notamment des œuvres littéraires : a quoi servent-elles ? Sont-elles utiles dans nos existences parce qu’elles nous instruisent et qu’elles nous distraient, ou au contraire sont-elles inutiles dans la mesure ou elles n’ont aucune utilité pratique ? Dans l’histoire, on nous a souvent justifié les œuvres en valorisant l’aspect esthétique qui éveillent chez nous le sens du beau, comme par exemple La Joconde de Léonard de Vinci. D’autres ont encore insisté sur le caractère didactique puisque les œuvres peuvent nous instruire, par exemple sur le plan moral. Ainsi La Fontaine nous instruit-il ou bien écrit-il des fables uniquement pour plaire ? Baudelaire écrit-il des poésies pour communiquer ses impressions ou bien également pour nous éveiller à un champ de correspondances qui nous élargie notre champ de possibilité ?
Répondant à une question d’un journaliste sur la meilleure valeur d’une œuvre, Camus affirme qu’elle est surtout liée à sa part de vérité ; Balzac quant à lui revendique la nécessité pour le romancier d’être vrai dans le cadre pourtant d’une histoire inventée. Autrement dit, l’écrivain ne doit pas mentir à son lecteur, mais au contraire il doit lui faire observer et comprendre les réalités du monde dans lequel il vit et ainsi éclairer les consciences avec la force de son témoignage. Si en effet, la valeur de l’Etranger et du Père Goriot résident dans la puissance de leur représentation pour dénoncer des situations humaines malheureuses, ce qui en fait des œuvres engagées, n’existe-t-il pas pourtant d’autres valeurs dans les œuvres, telles que leur aspect esthétique ou leur aspect éducatif ?
S’il est vrai que l’on peut s’interroger sur le travail et sur la fonction du romancier réaliste, on découvrira que l’œuvre romanesque d’un auteur réaliste recèle d’autres valeurs que l’unique recherche de vérité.
Guy de Maupassant dans la préface