Travail public
Au sein du droit administratif des biens, la théorie des travaux publics occupe une place importante et présente une physionomie juridique particulièrement originale qu’elle le doit d’abord à son ancienneté car elle apparaît dès le XIXe siècle comme l’une des premières constructions du droit administratif. En outre, les grands travaux entrepris par l’Etat dans la seconde moitié du XIXe siècle ont favorisé la constitution d’un « bloc contentieux » de travaux publics, confié par la loi du 28 pluviôse an VIII (art.4) à la juridiction administrative. Dans le cadre de ce contentieux s’est développé alors un véritable droit administratif des travaux publics qui se manifeste notamment, quant aux mode d’exécution où le régime du marché de travaux publics réalise au maximum l’originalité du droit des contrats administratifs, servant en quelque sorte de pilote pour les autres marchés publics. Le droit des marchés publics a été plus récemment largement investi par le droit communautaire. En outre, dans le domaine des responsabilités, la théorie du « dommage de travail public » a ouvert la porte au développement de la responsabilité sans faute en droit administratif tout en conservant sa spécificité. L’essentiel de ce particularisme du droit des travaux publics réside dans la conjugaison de prérogatives exorbitantes de l’exécutant du travail public et, en contrepartie, de règles strictes et de contrôle ainsi que de responsabilités élargies fondées sur des considérations d’équité et de bonne fin du marché. En effet, l’enjeu est de taille puisque l’époque actuel voit un essor nouveau encore plus caractéristique des opérations de travaux entrepris par la personne publique, non plus seulement en vue de pourvoir les services publics mais aussi pour susciter et entretenir l’expansion économique nationale ou régionale. L’intervention de l’Etat se réalise par des opérations auxquelles la jurisprudence a étendu la notion et le régime des travaux publics.