Tricherie
Une simple porte séparait Emma Robards de son objectif. Mais ce n’était pas une porte comme les autres. Faite du noyer le plus délicat, elle arborait en lettres d’or le nom tout aussi éclatant du maître des lieux : Pierce Redfield.
« Inutile d’essayer d’obtenir un rendez-vous avec lui, avait prévenu Lawrence. Il est protégé par une armada de secrétaires et de conseillers qui le tiennent à distance de la foule. Il va falloir que tu ruses pour l’approcher ! »
Pourquoi Emma essayait elle à tout prix d’atteindre cet homme ? Pourquoi s’était elle faufilée jusqu’ici comme une voleuse, longeant les murs et évitant habilement tous les collaborateurs de Pierce Redfield ? Tout simplement parce que Lawrence le lui avait demandé, et parce qu’elle avait accepté cette mission.
Et, maintenant, elle courait le risque d’être arrêtée d’une seconde à l’autre par les agents de la sécurité, et d’être jetée à la rue comme une malpropre.
Le cœur battant, elle frappa du bout des doigts à la porte de Pierce Redfield, et entendit presque aussitôt une voix masculine ferme lui répondre :
— Entrez !
Elle hésita un instant puis, prenant une profonde inspiration, tourna courageusement la poignée. « Me voici dans l’antre du lion », pensa-t elle, impressionnée.
La pièce était immense, tapissée d’une épaisse moquette vert sombre. Aux murs, des toiles de maîtres, qui n’étaient manifestement pas des reproductions, donnaient à l’endroit un air imposant.
Au fond de ce vaste espace se tenait un très grand bureau derrière lequel était assis le maître des lieux : Pierce Redfield en personne.
— Qui diable êtes-vous donc ? demanda-t il sèchement en levant les yeux sur elle.
Emma se mit à frissonner. Elle fut prise d’une soudaine envie de tourner les talons et de fuir le plus loin possible. Mais il eût été absurde de se sauver alors qu’elle avait fait le plus difficile.
Redfield était un homme richissime, multimillionnaire, et elle, une simple serveuse de restaurant,