Trilogie modiano
L´œuvre de Patrick Modiano se conjugue de maintes façons autour de la question de l´identité et de la quête du passé. En effet, l´écrivain lui-même se forge une image d´inlassable chercheur dont l´univers est peuplé de fantômes venus d´autrefois qui persistent dans un écho qui se fait entendre dans des moments propices.
Avec le premier roman, La Place de l´Étoile paru en 1968 chez Gallimard, Patrick Modiano ouvre un chapitre douloureux de l´histoire moderne de son pays, celui de la deuxième guerre mondiale et son déroulement sur le territoire français. Il vise la période de l´Occupation de ses deux aspects – la collaboration et la Shoah. Dans la trilogie de l´Occupation qui comprend La Place de l´Étoile, La ronde de nuit et Les boulevards des boutiques obscures, il plonge dans l´univers sombre et ambigu des collaborateurs et en même temps ouvre sa question juive. La réception de son œuvre au temps de sa genèse suscitait beaucoup de questions. Très vite, les critiques littéraires se mettaient sur la piste de l´autofiction. Dans l´une des premières interviews, Modiano se prononce sur la présence réelle de ses parents dans son univers romanesque. « Ma mère est absente de mon œuvre, car je cherche à la préserver de l’impureté. L’affaire se situe entre mon père et moi. Mon père a pu préserver sa vie grâce à une attitude trouble, grâce à de multiples concessions. Ce qui alimente mon obsession, ce n’est pas Auschwitz, mais le fait que dans ce climat, pour sauver leur peau, certaines personnes ont pactisé avec leurs bourreaux. Je ne réprouve pas pour autant la conduite paternelle. Je la constate. » [1] Les éléments biographiques qu´il a ouvertement prononcés dans Un Pedigree (2004) ne laissent pas de places pour aucune doute. Né en 1945 juste après la libération, il a échappé aux expériences directes qui lui sont authentiquement transmises par son père Albert Modiano et sa mère Luisa Colpeyn. Le mariage de ses parents