Tristesse
Mélancolie, tristesse, désespoir et amour déchu sont des thèmes qui peuvent paraître éculés ; seul l’art du poète peut les renouveler.
Nous sommes d’emblée frapp é par la symétrie qui caractérise la construction du sonnet avec la présence de deux anaphores : « J’ai perdu » qui introduit à la fois le poème et le troisième vers et «Quand » qui ouvre le deuxième quatrain et se répète au septième vers. Ainsi le poème débute par l’énumération de ce que le poète a perdu. L’emploi répété d’adjectifs possessifs ( « ma » trois fois, « mes », « mon » ) souligne cette dépossession. L’utilisation répétée de la conjonction de coordination « et » ainsi que son placement en tête du deuxième vers produit un effet d’insistance qui allonge encore le bilan des pertes.Le poete se montre seul ,isolé et triste : J’ai perdu ma force et ma vie,Et mes amis et ma gaieté ;
L’anaphore : « J’ai perdu » vient renforcer le désarroi et l’on observe une gradation avec le « jusqu’à » qui vient amplifier à son tour la déchéance de l’homme. Cette déchéance semble être surtout intérieure au départ. « Force », « gaieté », « fierté », « génie » sont surtout des substantifs qui caractérisent un état psychologique de l’être humain, ou correspondent à un état d’esprit. « Force » est à interpréter en tant que volonté, courage de vivre. La détermination du substantif « vie » par un adjectif possessif ( « J’ai perdu […] ma vie ) montre de même qu’il y a jeu avec l’expression « perdre la vie » mais dans le sonnet il ne s’agit pas de la vie en tant qu’existence physique et donc mortelle mais d’un ensemble de réalités qui ont constitué et conditionné l’existence de l’homme.Cependant, par association d’idée, c’est comme si le poète perdait effectivement la vie et c’est bien l’image qu’il voulait insinuer à son lecteur.L’apparition soudaine de réalités