Tronto fiche de lecture
I. Note critique
En tant que philosophe politique, l'auteure part de l'idée selon laquelle, pour s'épanouir, tout humain doit pouvoir prétendre à vivre dans une société libérale, démocratique et pluraliste. Ceci n'est cependant pas une condition suffisante pour juger une société moralement admirable, il faut qu'elle fournisse en juste proportion du soin envers ses membres. La vision d'une bonne société comprend alors à la fois la justice et le care pour tous, basés sur l'idée qu'en tant qu'êtres humains, quel que soit notre genre, nous ne sommes jamais ni entièrement indépendants ni foncièrement autonomes. Le care, ou plutôt une éthique du care comme préfère l'exprimer Joan Tronto, est ici considérée comme pratique sociale localisée dans contextes concrets, et pas seulement un ensemble de règles ou principes universaux. Mais le care a toujours une base morale et prend forme à travers la politique.
Elle remarque que dans les sociétés de l'ouest nous avons métaphoriquement élevé des frontières entre la réalité de la morale et la politique, ce qui nous empêche de voir les sujets concernés pris dans une éthique du care.
Joan Tronto discute particulièrement trois catégories[1] de barrières qu'elle appelle à repenser pour combler l'écart qui sépare les champs. « J'affirme [que] c'est en identifiant la manière dont les frontières et les structures des institutions actuelles ont créé des problèmes tels que le dilemme de la différence que nous pourrons les contester. C'est même une condition pour continuer à penser dignement[2]».
La première est la frontière entre moralité et politique , la seconde est ce qu'elle nomme « le point de vue moral », et la troisième la séparation du public et du privé. La question est à la fois comment ces frontières existent, pourquoi elles persistent, et quel est leur rôle/intérêt.
Elle étudie comment les femmes sont exclues du domaine politique aux États-Unis