Tropic travaux signalisation
« La rigidité du fonctionnement d’un système juridique est un signe de faiblesse et non de force. Elle prive ce système juridique de l’élasticité qui lui est nécessaire. » Les mots du Law Lord Nicholls of Birkenhead résument le principe qui se dégage de la solution rendue par le Conseil d’Etat lors de cette affaire.
La société Tropic Travaux Signalisation s’était portée candidate à l’attribution d’un marché de travaux dont la procédure avait été lancée par la Chambre de commerce et de l’industrie de Pointe-à-Pitre pour la réalisation du marquage des aires d’avions et de chaussées routières de l’aéroport du Raizet. Son offre a été rejetée et le marché attribué à une entreprise concurrente, la société Rugoway. La société Tropic a alors saisi en référé le Tribunal administratif de Basse-Terre d’une demande de suspension portant sur le rejet de son offre, la décision acceptant la candidature de la société Rugoway, la décision de signer le marché, et le marché lui-même. Le juge des référés a rejeté cette demande au motif d’irrecevabilité des demandes à l’encontre du marché. La société Tropic s’est pourvue en cassation devant le Conseil d’Etat.
Un tiers peut-il engager une action afin d’obtenir l’annulation du contrat administratif en plein contentieux ? Dans sa décision du 16 juillet 2007 le Conseil d’Etat a consacré un nouveau recours de plein contentieux (I) et il en a fixé les modalités (II). Il est opportun de développer les deux aspects de cette solution originale ouvrant un nouveau recours contre les contrats administratifs.
I. La consécration par le Conseil d’Etat d’un recours de plein contentieux contre le contrat.
Ce nouveau recours vient déverrouiller la situation traditionnelle, soit l’impossibilité pour les tiers d’exercer un recours contre le contrat (A). Cette solution est l’aboutissement d’une lente évolution du droit contractuel contemporain (B).
A. L’exclusion classique d’un recours