Typographie expressive D. Carson
Les créations de David Carson
Christian Vandendorpe
Université d’Ottawa
Alors que le XIXe siècle avait soumis le texte au choc de la mécanisation massive, la seconde moitié du XXe siècle le soumet à celui de la virtualisation, l’émancipant de son support d’encre et de papier en faveur de pixels qui papillotent sur un écran. L’écriture manuscrite semble vouée à disparaître tandis que le texte entre dans l’ère d’une sur-norme typographique.
C’est dans ce contexte qu’apparaissent les travaux de David Carson. A priori, rien ne le prédisposait à se lancer en typographie. Né en 1956, il avait d’abord fait des études de sociologie et enseigné au secondaire tout en se livrant à du surf de compétition sur les plages de Californie. Il découvre la typographie et la mise en page lors d’un cours d’été en 1980 et, tout en gardant son poste d’enseignant jusqu’en 1987, il s’engouffre dans ce nouveau domaine avec une passion peu commune. Il consacre ses étés à des conférences sur le graphisme, d’abord aux Etats-Unis, puis en Suisse, où il rencontre
Hans-Rudolf Lutz, qui exercera sur lui une influence qu’il reconnaît volontiers. En 1989, il obtient la direction artistique d’un nouveau magazine consacré au surf, Beach Culture. Entouré d’une équipe de graphistes, il expérimente de façon sauvage, enfreignant toutes les règles de l’art typographique et de la mise en page. Malheureusement, la présentation chaotique du magazine fera fuir la publicité, de telle sorte que le magazine devra cesser de publier en 1991.
Christian Vandendorpe, «Typographie et rhétorique du visible», Communication & langages, no 137, octobre 2003.
En 1992, Carson obtient la direction artistique de Ray Gun, un magazine de musique rock qui tire à 150 000 exemplaires et où il restera jusqu’en 1995, date où il retourne à la publicité. Nombre de ses créations sont présentées et discutées dans The end of print1 et David Carson : 2ndsight2, deux ouvrages