Ubu roi
Négligeant les conseils de prudence de la Mère Ubu, le Père Ubu décide de ne pas nommer le capitaine Bordure duc de Lituanie. Après quoi, il se lance dans une vaste politique de réformes qui consiste à massacrer (« Ceux qui seront condamnés à mort, je les passerai dans la trappe, ils tomberont dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-Sous, où on les décervèlera ») tous les nobles (dont les biens sont confisqués), tous les magistrats (qui ne seront plus payés mais vivront des amendes et des biens des condamnés à mort) puis tous les financiers qui refusent la fiscalité nouvelle (« D'abord je veux garder pour moi la moitié des impôts », lesquels sont bouleversés : « Messieurs, nous établirons un impôt de 10% sur la propriété, un autre sur le commerce et l'industrie et un troisième sur les mariages et un quatrième sur les décès, de 15 Francs chacun »). Le Père Ubu rassure la Mère Ubu effrayée par cette hécatombe qui désorganise l'État : « Ne crains rien, ma douce enfant, j'irai moi-même de village en village recueillir les impôts. » Il a d'ailleurs un programme politique très précis : « Avec ce système, j'aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et je m'en irai. » Effectivement, escorté des « Grippe-Sous » et de « salopins de finance » traînant le « voiturin à phynances », le Père Ubu va en personne rançonner les paysans (dont le chef s'appelle Stanislas Leczinski) et massacrer ceux qui résistent. La révolte éclate aussitôt. Puis il fait jeter en prison le capitaine Bordure qui s'évade et court à Moscou proposer au tsar Alexis d'envahir la Pologne et de rétablir Bougrelas. Quand la nouvelle arrive à Varsovie, la Mère Ubu et tous les conseillers obligent le Père Ubu à partir en guerre, monté sur son « cheval à phynances ». La Mère Ubu reçoit la