Ubu roi
[S.A.]À la fin du dix-neuvième siècle, en France, une époque où l’expression individuelle était contrainte par les autorités en place, les auteurs désirant traiter de sujets tabous n’avaient souvent d’autre choix que d’utiliser la parodie. Dans son œuvre Ubu roi, Alfred Jarry le fait de manière cinglante et il s’attaque directement au mode de vie des citoyens de son époque. Il présente au public français ce qu’il appelle « son double ignoble » sous les traits d’un couple répugnant de cupidité et de bassesse. [S.P.] Le Père et la Mère Ubu, les personnages principaux d’Ubu roi, sont en quelque sorte les deux versants d’une même médaille dans la pièce. [S.D.] C’est ce que ce texte se propose d’explorer en observant d’abord le fait que le Père Ubu et la Mère Ubu s’opposent totalement dans leur manière de parvenir à leurs fins , pour ensuite voir qu’ils partagent la même soif de richesses et de pouvoir.
(Paragraphe)
Le Père et la Mère Ubu s’opposent principalement dans leur manière d’obtenir ce qu’ils désirent, soit l’argent et le pouvoir. [IS1] Le Père Ubu privilégie évidemment l’utilisation de la force brute. En effet, il est ni plus ni moins qu’un animal seulement poussé par ses pulsions. Dès qu’il s’est installé sur le trône de Pologne, après avoir bassement fait tuer le roi Venceslas, le Père Ubu « […] fai[t] périr tous les nobles et pren[d] leurs biens. »[1], et ce dans l’unique but d’avoir plus de richesses. Le Père Ubu pose des gestes en omettant de réfléchir à leurs conséquences. Il est d’une telle stupidité qu’il fait massacrer tous les magistrats et les financiers de son nouveau royaume, si bien que le pays se retrouve dans une situation déplorable que même la Mère Ubu décrie : « Plus de justice, plus de finances. »[2] Le Père Ubu court ainsi à sa perte en se mettant la totalité de la population à dos, et celle-ci se joindra sans hésiter à Bougrelas – le seul héritier survivant de Venceslas – afin de renverser le couple Ubu. [IS2]