Introduction :" Un Amour de Swann " est une parenthèse dans un ensemble bien plus vaste : A La Recherche du temps perdu, dont la publication s’étend de 1913 à 1927, cinq ans après la mort de Proust. Ce texte constitue donc l’une des trois parties du premier volume de cette vaste fresque ou plutôt de cette "cathédrale" selon l'expression de Proust : Du Côté de chez Swann. Intégré dans cet ensemble en ce qu’il annonce, sur un mode mineur, les grands thèmes de La Recherche (la critique du snobisme, le rôle majeur joué par la mémoire tant dans l’amour que dans la création et l’émotion artistique, la jalousie…), il en est cependant dissociable : joyau serti dans La Recherche, il est le roman de la jalousie mais aussi le roman de la découverte de l’art, représenté par la sonate de Vinteuil. " Un amour de Swann est comme un lavis de la philosophie de Proust " (Ramon Fernandez)

I) Odette : portrait essentiellement Proustien
1) une vision partielle du personnage
Le personnage d’Odette est inspiré non seulement de réelles courtisanes tel que Léonie Clomesnil ou Laure Heyman, qui fut aimée du Duc d’Orléans, du roi de Grèce, également du grand oncle et du père de Proust mais aussi le personnage de Marguerite Gautier de La dame aux Camélias de Dumas Fils. Certes nous sommes face à une femme qui se montre anglomane dans son langage, et qui tante d’avoir une curiosité intellectuelle ou artistique, cependant en trouvant l’art bête, ennuyeux celle-ci trahit sa simplicité d’esprit et sa sottise.
Le personnage est peu décrit physiquement et moralement toutefois il révèle progressivement à travers son langage son attitude sociale, on n’a accès alors au portrait d’Odette qu’indirectement, soit par le biais de ses relations avec les hommes, soit par ce qu’elle laisse elle-même transparaitre à travers son langage anglicisant et ses réactions pseudo naïves, soit par ce que Swan nous en dit.
En Effet, L’Odette que nous connaissons n’est pas la vraie Odette de Crécy,