Un etat décentralisé dans une nation centralisée
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L’ouvrage de Pierre Rosanvallon, un historien et intellectuel français, va à l’encontre d’un poncif souvent entendu à propos de la décentralisation : ce mouvement de rééquilibrage du pouvoir des collectivités locales vis-à-vis de l’État central serait récent et renverserait une tendance longue, instaurée par la Révolution de 1789 et fortement installée dans le paysage politique français. La thèse de l’historien est de montrer, au contraire, que les deux siècles qui nous séparent de la période révolutionnaire et du Premier Empire ont été marqués par une tension constante entre des dynamiques tantôt centralisatrices, tantôt décentralisatrices. Certes, l’image du jacobinisme, empreinte du « démon de la centralisation », est puissante mais l’idéologie universaliste révolutionnaire ne l’est pas moins. La centralisation consiste à réunir tous les moyens d'action en un centre unique : l'État, est en situation de ''monopole'' tandis que la décentralisation consiste en un véritable transfert de compétence de l'État vers les collectivités territoriales : décentraliser revient à admettre qu'une autre personne publique interviendra à la place de l'État, et ces compétences sont gérées au nom et pour le compte de la collectivité territoriale. Il serait judicieux de se demander jusqu’à quel point on peut décentraliser un Etat dans une nation centralisée car étant donné les divergences entre les deux systèmes on se demande s’ils peuvent coexister. Pour répondre à cette question, nous verrons d’une part l’Etat jacobin et d’autres part une décentralisation limitée.
Un Etat traditionnellement jacobin (centralisé).
Depuis ses origines, la France administrative oscille entre une attirance vers la centralisation et une volonté de décentralisation. L’enjeu entre ces différentes modalités d’organisation est la répartition des compétences entre les différents niveaux.
Une France centralisée
La France a longtemps considéré la centralisation comme la seule alternative ; on