Un homme sans culture est il concevable ?
La culture se définit comme l’opposé de la nature. Elle concerne tout ce qui est ôté ou ajouté à la nature par l’homme, c’est-à-dire toutes les transformations qu’il lui fait subir et tout ce qu’il crée ou produit de lui-même. De ce point de vue, la notion de culture semble impliquer celle d’homme car c’est lui qui en est le créateur et l’acteur. Mais cela veut-il dire qu’un homme sans culture est inconcevable ? Un homme sans culture est-il impossible à penser, à imaginer ? Est-il impossible à réaliser, à concrétiser ? Faut-il, dès qu’on parle de l’homme, c’est-à-dire de ce vivant particulier qu’on estime être différent des animaux, nécessairement parler aussi de la culture ? Ou peut-on ne pas le faire et à quoi cela nous mène-t-il ? Nous nous demanderons donc d’abord si l’esprit est capable de penser la notion d’homme sans culture et comment il se la représente. Nous chercherons ensuite à savoir si cette idée d’un homme purement naturel est pertinente afin de pouvoir dire si, en fin de compte, un homme sans culture est concevable.
Quand on s’interroge sur ce qui est ou pas concevable, on s’interroge en fait d’abord sur les capacités de l’esprit humain. On se demande alors si cet esprit peut, ou pas, se représenter quelque chose. Or cet esprit est fait, d’une part, de la raison, qui permet de concevoir des idées et d’autre part, de l’imagination, qui permet de produire des images. Et si cet esprit peut parfois être conçu comme limité dans ses capacités de connaissances, par portée, comme le montre Kant à propos de l’ignorance savante au sujet de la structure de l’or, il ne l’est en revanche pas dans ses capacités d’imagination et de conception. Dès lors qu’il est logiquement capable de se faire une idée de, donc de concevoir, l’association des deux : un homme sans culture
Il ne peut alors s’agir que d’une idée car « homme » et « absence de culture » sont des éléments généraux, abstraits, donc accessibles seulement à